Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avoir le sentiment de ces perceptions, & comme distinctes les unes des autres, & comme formant un tout, il est nécessaire que ces mouvemens aillent se communiquer à un point commun de la substance pensante. Ce point se trouvera ainsi dans le cas d’un corps qui est pressé par plusieurs forces agissantes en sens différens : il se prêtera à l’impression de toutes ces forces à proportion du degré d’intensité. Son mouvement deviendra un mouvement composé ; il sera le produit de toutes ces forces & ne sera aucune de ces forces en particulier. Comment donc un tel mouvement pourra-t-il représenter les perceptions comme distinctes les unes des autres ?

La difficulté paroîtra encore plus forte si l’on fait attention au nombre prodigieux de perceptions différentes que nous avons en même tems par le seul sens de la vue. Et que seroit-ce si l’on admettoit que nous pouvons voir, toucher, ouir, sentir, goûter dans le même instant indivisible !

Resserrons ces divers raisonnemens.