Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/167

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Mais, quoiqu’il faille convenir de tout cela, il ne s’ensuit point du tout qu’il en soit de la force de penser & de celle d’agir comme il en est des forces dont nous venons de parler. Ces forces ont des rapports certains & constans avec les qualités de la matiere. La force d’inertie est toujours proportionnelle à la quantité des parties : elle ne peut diminuer ni augmenter dans le même sujet : elle agit en tout sens & en tout lieu. La pesanteur suit aussi la raison des masses ; elle suit encore celle des distances ; mais elle n’agit point horisontalement. Le mouvement se mesure & se compare : nous prédisons à coup sûr ce qui doit arriver dans le choc de deux corps, soit de même nature soit de nature différente : nous déterminons de même la direction que prendra un corps poussé par différentes forces, &c. La pensée & la liberté ne nous offrent rien de semblable. Non seulement nous ne voyons pas la moindre relation entre ces facultés & les propriétés du corps, mais tout ce que nous pouvons affirmer de celles-ci nous pouvons le nier de celles-là.