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CHARLOT S’AMUSE

autant par reconnaissance que par admiration pour l’ardente charité que l’opinion prêtait au curé. À Saint-Dié, le vieillard passait pour un saint et les vieilles dévotes se contaient avec une édification attendrie ses macérations, ses jeûnes, sa vie d’ascète. L’enfant ne tremblait plus lorsque le prêtre, le fouillant de son regard inquisitorial, lui demandait « s’il avait péché contre la pureté ».

— Non, mon père ! répondait-il d’une voix plus haute avec une sorte de fierté, tout réjoui de se sentir sans tache, et, l’esprit rempli des mystiques allégories, se comparant au doux agneau pascal, blanc et pur devant le Seigneur.

Il ne mentait pas, guéri maintenant et renaissant à la vie dans une suractivité musculaire dont la saine lassitude, le soir, l’endormait d’un bon et pesant sommeil. Sa première communion fut une fête et sa piété le fit citer par le grand-vicaire comme un édifiant modèle. Ce fut lui qui récita le renouvellement des vœux du baptême au milieu de l’église, devant tout le monde. Le soir, il dîna chez sa protectrice.

Cette bienfaisante personne était une vieille fille ultramontaine et noble. Elle s’était chargée de l’éducation de l’enfant pour plaire à l’évêché, mais en voyant pour la première fois