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CHARLOT S’AMUSE

la tête, l’air content, riant à voir s’entr’ouvrir les fenêtres des maisons encore silencieuses et des têtes de femmes, en bonnet de nuit, s’y encadrer une minute. Le pont-levis dépassé, c’était bientôt la campagne.

— Pas de route ! commandait le chef de bataillon.

On mettait l’arme à la bretelle, les rangs s’espaçaient irrégulièrement, et les files se dédoublaient, par les sentiers rocailleux, entre les vignes. Mais le soleil montait implacablement. Le mont Faron, vers lequel on se dirigeait, s’éloignait toujours, s’enlevant, étonnamment clair avec ses flancs arides, sur le bleu cru du ciel. Une farineuse poussière montait en nuages sous les pieds des soldats, poudrant à blanc les uniformes. Les bidons, à chaque instant allégés, sonnaient le creux, en tintant contre les poignées des sabres. Alors, le colonel Ligier se retournait et, donnant de l’éperon à son arabe, courait le long des flancs de la colonne jusqu’à l’arrière-garde.

— Eh bien ! on ne chante donc pas, les enfants ?…

Soudain, Charlot se sentait du cœur au ventre. Il partait, avec les autres, à plein gosier :

Où est Thomas ?