Page:Bordeaux - Quelques mots sur l’histoire de la reliure des livres, 1858.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 6 —

jolivements, on la polit au fer, on l’entoure d’une large dentelle dorée à petits fers. Tous les livres ont désormais au dos une étiquette ou pièce, en maroquin rouge ou vert, tranchant avec les nerfs. Le veau marbré et le veau granit se partagent les reliures courantes. La tranche elle-même, gaufrée, ciselée, antiquée à la Renaissance, est tantôt rouge, tantôt dorée. La dorure a un reflet verdâtre jusqu’au milieu du XVIIe siècle ; plus tard, on l’applique sur une assiette à la sanguine, apprêt orangé qui lui donne un ton plus chaud. Souvent encore la tranche a été marbrée avant de recevoir l’or, et les marbrures apparaissent sous un certain jour.

Dusseuil, Padeloup[1], Derome, Bozerian, Kœhler, Duru, Thompson, Niédrée, Thouvenin, Simier, Beauzonnet, Capé, Petit ; voilà des noms de relieurs de diverses époques, dont les ouvrages enflamment la passion des amateurs. Boyet, Ginain, Anguerrand, Purgold, Lortic, Lefebvre, Ottmann-Duplanil, Vogel, le soigneux Courteval, Ducastin, Biziaux, Gruel, Closs, Hardy, figurent aussi au rang des bons artistes.

Plusieurs relieurs anglais sont également fameux. On cite surtout parmi eux Robert Payne, qui commença à travailler vers 1766, et dont les reliures sont d’un goût et d’une élégance incomparables. Il appelait maroquin à la vénitienne un certain maroquin olivâtre qu’il employait pour ses reliures aristocratiques. Il restaurait admirablement les livres gothiques. Un livre sorti de

    en maroquin du Levant des deux côtés, au lieu qu’aux autres livres il y a du papier marbré seulement. Il y a une fausse couverture de frangipane… »

  1. L’usage de signer les reliures est assez récent. Padeloup mettait quelquefois à l’intérieur des siennes une étiquette gravée, ainsi conçue : Relié par Padeloup le jeune, place Sorbonne, à Paris. Les reliures ainsi signées de Padeloup sont recherchées à cause de leur rareté.