Page:Bordier - Ambassade en Turquie de Jean de Gontaut Biron, baron de Salignac.djvu/17

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muraille et la ville emportée sans perte d’un des leurs. Tous revinrent à Auch le matin et Catherine de Médicis apprit alors avec stupéfaction la réussite de cette audacieuse entreprise mais, comprenant la leçon, « elle n’en fit que rire » rapportent les Économies Royales. Quelques jours après, le baron de Salignac fit partie d’une expédition semblable contre Saint-Émilion, dont les habitants avaient dépouillé quelques marchands calvinistes. La ville fut prise et la Reine mère, se plaignant de cette nouvelle infraction au traité, dut reconnaître qu’elle même y avait donné lieu par sa partialité en faveur des habitants de la ville.

Les deux reines, continuant leur voyage, s’arrêtèrent au commencement de janvier 1579 à Nérac. Marguerite de Valois nous fait dans ses Mémoires une peinture très agréable de l’existence qu’on menait dans cette petite ville; et les Économies Royales nous rapportent que « la Cour y fut fort douce et plaisante, car on n’y parloit que d’amour et des plaisirs et passe temps qui en dépendent. » Mais les séductions des dames, les rivalités et les jalousies qui se manifestaient à leur propos entre les seigneurs, et aussi les intrigues de la Reine mère, engendrèrent bien des querelles qui durent se vider en champ clos. Le baron de Salignac, dans l’une de ces circonstances, servit de second au vicomte de Turenne. Celui-ci nous a fait dans ses Mémoires[1] le récit de cette

  1. Nous tirons de ces Mémoires quelques passages qui dépeignent bien les mœurs de l’époque. Nous verrons que le baron de Salignac sut rester loyal et courtois malgré la conduite équivoque de ses adversaires. — Il s’agissait d’une ancienne querelle entre le vicomte de Turenne et Rosan, frère