Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/366

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— Ma chère, j’ai besoin de solitude et d’obscurité.

— Quelle route me fais-tu prendre dans ces marais ? le chemin des Amandiers qui mène au cimetière, me conduirais-tu à la tombe ?

— J’aime beaucoup le calme de ces quartiers, où j’ai passé mon bas âge chez la femme d’un maraîcher, ma nourrice. — Tiens, vois-tu, là-bas, à droite, cette espèce de hutte ? c’est le louvre de mon père nourricier. — Il y a déjà plusieurs jours que je n’ai serré la main de ce brave homme. — Que tout cela éveille en moi de sereins souvenirs ! — S’il n’était si tard, j’entrerais les embrasser ; mais ces bonnes gens sans vices et sans ambition se couchent avec le soleil et se lèvent avec lui, contrairement à la corruption qui veut des longues nuits qu’elle abrège, et qui, comme le hibou, se tapit durant le jour. — Tiens, regarde ces beaux jardins, ces potagers si bien garnis, tout ceci est à eux. Voici, là-bas, l’avenue où j’ai marché pour la première fois. — Voici un champ, presque inculte, jadis c’était une riche pépinière ; il appartient à un jeune homme mineur. — Voici un passage