Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/407

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apprend la fin d’un suicide, de suite il veut trouver des causes bien rustiques, bien voyantes, vite, c’est pour une femme, une passion, une perte au jeu, une honte domestique, une aliénation mentale. Non, non, je ne l’avertirai pas, je mourrai seul, je ne veux pas qu’on dise : ils se sont tués, Flava, Champavert, par amour, pour une intrigue malheureuse, contrariée, poussés au désespoir ; ce n’est point par désespoir, je n’ai jamais espéré. Non, non, je ne le veux pas.

Que je suis fou, hélas ! que je suis fou ! ne pas vouloir que ce monde sur lequel je crache, que je méprise, que je repousse du pied, m’accuse de périr par amour ; faiblesse ! Eh ! quand je serai anéanti, que me feront les grossières conjectures des hommes ? leurs bavarderies ne troubleront pas mon fumier. Mais non, c’est plus puissant que moi, je ne puis surmonter cette imbécillité ; faible que je suis, je souffrirais de cette pensée jusqu’à l’heure sonnée… Non, je ne l’avertirai pas ; non, je me tuerai seul.

Jean-Louis, Jean-Louis, toi, tu peux vivre, puisque tu as rencontré la félicité, tu peux vivre !… Ah ! que le sort me garde bien de t’entraîner à descendre avec moi l’escalier de la ci-