Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/69

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Nuit et jour, elle pleurait amèrement. Sa position devenait bien cruelle. Bertholin lui avait enfin annoncé son retour ; et, d’heure en heure, elle s’attendait à le revoir. Que faire en cette fatale conjoncture ? Lui cacher et le duper était chose difficile et malhonnête ; lui déclarer tout franchement, c’était tout perdre, et cependant sa délicatesse ne lui laissait que ce parti. Aussi résolut-elle de lui confesser sans déguisement dès son arrivée, et peut-être espérait-elle que sa générosité lui pardonnerait une faute désespérante, commise pour lui et par lui.

Enfin, Bertholin reparut : dès l’abord, il remarqua un grand changement en elle, une tristesse, un air guindé à son vis-à-vis, une altération et un amaigrissement dans ses beaux traits. Il la comblait de tant de caresses et de tant d’amour, que, malgré sa résolution ferme, Apolline n’osait entamer son aveu : vingt fois le premier mot expira sur ses lèvres tremblantes ; elle n’osait jeter un si grand désenchantement à un homme si grandement épris. Bertholin s’inquiétait aussi, et ne savait à quoi attribuer tant de larmes.

L’heure de frapper le coup sonna : les pré-