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Page:Borel - Gottfried Wolfgang, 1941.djvu/14

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apparemment aussi gagné son cœur.

Dans l’ivresse du moment, Wolfgang lui déclara sa passion. Il lui raconta ses rêves mystérieux ; il lui dit comment elle avait possédé son cœur avant qu’il l’eût jamais vue. Étrangement agitée à mesure qu’il parlait, elle avoua à son tour qu’elle s’était sentie portée vers lui par une impulsion tout aussi surnaturelle.

— Alors, pourquoi nous séparerions-nous ? s’écria Wolfgang au comble du délire, nos cœurs sont unis par une puissance sympathique ; aux yeux de la raison et de l’honneur ; nous ne faisons plus qu’un… Est-il besoin de formules vulgaires pour lier deux grandes âmes !…

La femme au collier noir écoutait attentivement et avec une attention toujours croissante.

— Vous n’avez ni toit ni famille, continua Wolfgang, eh bien que je sois tout pour vous, ou plutôt soyons tout l’un pour l’autre ! Voici ma main, je m’engage à vous pour toujours.

— Pour toujours ? dit-elle solennellement.

— Pour toujours, affirma Wolfgang.

L’étrangère saisit la main qu’il lui présentait.

— Donc, je suis à vous, à jamais, murmura-t-elle.

En prononçant ces derniers mots, elle laissait tomber sur son amant un long regard, plein de mélancolie et de tendresse.