Page:Borel - Madame Putiphar, 1877.djvu/37

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Où tout s’évanouit, ainsi qu’après un somme
Des songes enivrans ; va, le seul rédempteur
Des misères d’en bas, va, c’est le monastère,
Sa contemplation et son austérité !
Tout n’est qu’infection et vice sur la terre
La gloire est chose vaine, et la postérité…
Une orgueilleuse erreur, une absurde folie !
Voudrais-tu sur la route élever de ta main
Un monument vivace ?… Hélas ! le monde oublie,
Et la vie ici-bas n’a pas de lendemain.
Viens goûter avec moi la paix de la retraite ;
Laisse l’amour charnel et ses impuretés ;
Romps, il est temps encor ; ton âme n’est pas faite
Pour un monde ainsi fait ; de ses virginités
Sors fidèle gardien ; viens ! et si la prière,
La méditation ne pouvaient l’étancher,
Alors tu descendras dans la sombre carrière
De la sage science et tu pourras pencher
Sur ses sacrés creusets ton front pâle de veilles,
Magnifier le Christ — et verser le dédain
Sur la Philosophie outrageant ses merveilles
Du haut de ses trétaux croulans de baladins ;
Tu pourras, préférant l’étude bien-aimée
De l’art, lui rendre un culte à l’ombre de ce lieu ;
Sur ce dôme et ces murs, fervent Bartholomée,
Malheureux Lesueur, peindre la Bible et Dieu !…

Le dernier combattant, le cavalier sonore,
Le spectre froid, le gnôme aux filets de pêcheur,
Celui que je caresse et qu’en secret j’honore,