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Page:Bornier - Œuvres choisies, 1913.djvu/253

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AFRANIUS

Des coupables toujours la défense est la même ;
Devant le tribunal tu t’en pourras servir ;
Allons, suis mes licteurs.

PAUL

Sois clément, dummvir ;
Son erreur, en effet, ne fut point criminelle.

AFRANIUS

Il se peut, mais je tiens à refroidir son zèle :
Les murs de la prison, comme il te l’a montré,
Sont très frais. — Adieu, Paul. Reste ou pars à ton gré ;
Si tu restes, ne crains aucune violence ;
C’est de votre côté que penche la balance,
Chrétiens ; vous saignerez encor de bien des coups,
Mais le jour n’est pas loin du triomphe pour vous.
Moi, je dis en riant : autre temps, autre muse !
Et je le dis depuis longtemps. Cela m’amuse !
Paul, nous serons amis, si tu restes. — Allons,
Elymas ! si la peur te vient mordre aux talons,
Ne le laisse point voir : j’aime que l’on soit brave ;
Et pas d’illusions surtout : l’affaire est grave !

ELYMAS

Puisse le feu du ciel ensemble anéantir
Et Romains et chrétiens !

AFRANIUS

Passe devant, martyr !

ELYMAS

Raille-moi, duumvir, et ne me fais point grâce.
Vaincu, haï, brisé, je ressemble à ma race.
Mais le temps est à nous : On peut vaincre Israël,
Disperser ses tribus aux quatre vents du ciel,
L’écraser, l’avilir sous quelque joug immonde ;
Le tuer, non ! Le jour où finira le monde,