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Page:Borrelli - Les Dactyles, 1896.djvu/107

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A la longue, il est vrai, par la rouille abîmées,
Ces laideurs, fil à fil, s’en vont avec le temps ;
Lorsque de pauvretés qu’Elle n’eût point aimées
Rien ne restera plus, nous serons bien contents.

Chaque fois, en partant, aux barreaux de la grille
J’ai posé mon front nu sur le fer ; et ma main
A fleuri le doux nom de l’adorable fille
D’une gerbe achetée ou cueillie en chemin.

Et, chaque fois aussi, je réprimais l’envie
De le crier, ce nom que j’épelais tout bas,
De réveiller la morte aux appels de la Vie :
Mais on eût pu m’entendre ; alors, je n’osais pas.

Il y fallait la nuit, une nuit solitaire
Où le cœur me battrait d’un plus poignant émoi ;
Et qui, mieux que le jour, laisserait, d’outre-terre,
La réponse espérée arriver jusqu’à moi.

Les portes, par malheur, crainte d’embarras pire,
Se ferment, dès la brune, aux venants du dehors :
A moins d’être un voleur ou, — qui sait ? — un vampire,
On n’entre pas, la nuit, dans les jardins des morts.