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passait en lui ; il regardait Cécile comme une jolie femme qui lui était très-sympathique. Mais l’obstacle qui l’écartait d’elle était fortifié encore par sa propre volonté, et sa pensée, un instant distraite, se retournait vers Adrienne.

Cécile ne se demandait ni ne s’expliquait rien à ce sujet. Elle passait ses journées à se répéter ses entretiens avec Félicien ; ils étaient pour elle comme un philtre qui donnait des flammes à son front, des palpitations à son cœur ; ils faisaient circuler dans ses veines ces liqueurs énervantes qui enchaînent la pensée à des rêves brûlants et langoureux dont on ne veut plus s’éveiller. La présence d’Alphonse Morand suspendait à peine cet enchantement des sens et de l’esprit.

La petite pièce qu’occupait Cécile n’avait qu’un ameublement très-simple. Son seul luxe consistait dans ses draperies de blanche mousseline, posées sur de gais transparents, dans ses petits siéges capricieux et coquets, préparés pour toutes les attitudes de la mollesse. La plupart étaient couverts de tapisseries soyeuses, que jonchaient des fleurs si brillantes et si délicates, qu’on les aurait crues cueillies par les fées à la rosée du matin. Une table était disposée