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mari ? La chronique scandaleuse laissait de grands doutes à cet égard. Ce qui est certain, c’est que cette jeune femme s’était dépoétisée dans des aventures équivoques. Mais elle avait toujours conservé sa place dans le monde, grâce à son charme, à son habileté et à l’esprit d’intrigue et d’ambition qui s’était développé en elle avec les années.

À quarante ans, elle était devenue veuve, précisément au moment où elle espérait faire de son mari, malgré sa demi-nullité, quelque chose comme un maire, un député, peut-être un pair de France. Ce contre-temps décourageant lui avait fait quitter la province pour Paris. Il lui déplaisait d’être réduite au rôle oisif de douairière sur le théâtre de ses succès de jolie femme.

À Paris, elle avait eu quelques consolations ; mais, depuis plusieurs années, elle y avait renoncé, ne les trouvant plus assez jeunes : elle n’estimait pas assez la vieillesse chez elle-même pour la supporter chez les autres.

Sa véritable bonne fortune avait été l’arrivée de Cécile. Madame de Nerville avait deviné dans sa nièce une jeune femme impressionnable, tendre, enthousiaste. Elle s’était dit qu’il ne