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il suffisait d’observer les changements extérieurs qui s’étaient opérés dans Cécile.

Sa voix, qui avait conservé encore quelques notes éclatantes du timbre de la jeunesse, devint, non plus douce, mais plus assouplie et plus émue. Ses gestes, ses mouvements perdirent toute spontanéité ; sa démarche était nonchalante et brisée. Ses yeux se baissèrent plus souvent ou laissèrent vaciller leur rayon à travers un nuage humide. Enfin sa pudeur, au lieu d’être comme une de ces armures impénétrables qui ne trahissent rien de la faiblesse de celui qui les porte, ressemblait à ces plis transparents collés aux statues, qui accusent plutôt qu’ils ne dissimulent ce qu’ils doivent cacher.

Plus exposée dans cette disposition fatale, la femme devient aussi plus séduisante. Il n’en faut pas davantage pour expliquer la passion qu’Alphonse Morand, tout notaire qu’il était, avait conçue pour madame de Malmont.

Le jeune amoureux avait été accueilli par madame de Nerville avec une tolérance parfaite, sous prétexte, comme on l’a vu, que Cécile n’avait rien à craindre. Si le danger eût été plus pressant, la surveillante se fût-elle