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montrée plus sévère ? Ce point est douteux ; ce qui ne l’est pas, c’est que la tâche lui eût paru plus intéressante. Cet amour inactif, tombant en langueur par timidité d’un côté, par indifférence de l’autre, ne procurait plus à Mathilde ni amusement ni émotion. Tout d’un coup elle avait trouvé un stimulant dans l’annonce de l’arrivée de M. et Mme Dautenay. Elle et Cécile sortiraient enfin du calme plat. Déjà elle croyait sentir toutes les brises folles dont des amours lutins allaient enfler leurs voiles. D’ailleurs, elle avait une prédilection très-vive pour tous les nouveaux venus. Cette fois, ses espérances furent dépassées. Son imagination n’était point en jeu ; mais jamais sa malice n’avait assisté à si belle fête. De ces réjouissances, c’étaient les pruderies bigotes et bourgeoises d’Adrienne qui faisaient les frais.

Madame de Nerville avait commencé par donner à sa nouvelle amie des avertissements fort sages ; car elle distribuait avec la même aisance les bons ou les mauvais conseils, suivant l’inspiration du moment. Sa perspicacité la rendait propre aux uns, sa nature passionnée aux autres. Puis elle s’était arrêtée dans cette voie de sincérité, par un motif personnel. Une