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seule prétention lui restait, dont l’âge n’avait point eu raison, c’était celle d’avoir la marche de l’esprit toujours alerte ; elle voulait suivre le courant de son époque, parvenir en tête de la foule à la dernière étape des idées et des sentiments. C’est pourquoi elle avait essayé plusieurs fois de jouer le personnage de dévote de bon ton. Elle avait reconnu bientôt que la présence d’Adrienne était une excellente occasion d’exercice en ce genre. Mais, pour rendre profitable son rôle de disciple, il ne fallait pas chercher à régenter son maître. De là sa perfide condescendance. Elle mettait d’autant plus de zèle à s’étudier à cette transformation que jusqu’alors, dans de semblables tentatives, elle n’avait guère à se glorifier que de ses échecs. Il y en avait un surtout qui était le grand remords de sa vie ; elle n’y pensait jamais sans confusion, malgré le côté plaisant de l’aventure.

L’évêque d’un diocèse normand, étant en tournée pastorale, avait reçu l’hospitalité chez une des connaissances les plus titrées de Mathilde, dont la demeure était voisine de la terre que celle-ci habitait en été. Un somptueux dîner fut offert au prélat, et le sachant grand