Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/121

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amateur de musique, on y avait ajouté, comme complément de fête, un concert religieux. Madame de Nerville était au nombre des invités. Un dîner, une soirée, un évêque, ce programme lui avait paru réclamer sa plus riche toilette. Mais, pour témoigner qu’en cette circonstance elle ne regardait pas une royale étiquette comme au-dessus de la dignité d’un prince de l’Église, elle s’était magnifiquement décolletée. Toutes les autres femmes étaient closes jusqu’au menton, en sorte que sa poitrine, ses épaules, ses bras d’impératrice romaine tiraient l’œil de tous les côtés de la table. L’évêque en était considérablement gêné. La maîtresse de la maison, pour mettre fin à ce supplice et donner une leçon à celle qui lui créait si maladroitement cet embarras, envoya chercher une palatine d’hermine. Elle la présenta à madame de Nerville, en l’engageant à la mettre sur ses épaules pour se garantir du froid. Mathilde n’eut pas besoin de recevoir d’autre explication. Mais, tandis qu’elle attachait avec une grave lenteur la pèlerine autour de son cou, elle jetait au prélat un regard à la fois si moqueur et si provocant que, tout interdit, il en baissait les yeux sur son assiette.