Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/122

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L’évêque ne voulut point se commettre avec cette audacieuse ; mais la maîtresse de la maison, malgré la présence d’esprit qu’elle avait montrée, n’échappa point à une paterne semonce : on lui demanda comment une personne de sa parfaite pureté de mœurs et de sa haute sagesse compromettait l’honneur de sa maison en recevant chez elle une fille de joie.

Là ne se borna point la revanche du prélat. Dans le premier mandement qu’il publia à son retour dans son diocèse, il attaqua avec véhémence l’inconséquence de ces chrétiennes qui, après s’être livrées le matin à des exercices pieux, s’en vont le soir se montrer sous le regard des hommes dans des costumes impudiques qui forcent les anges gardiens à remonter au ciel.

On s’étonna un peu de ces invectives, qui parurent même une trahison à quelques mondaines pieuses, habituées à être plus ménagées. Le mot de l’énigme ne tarda pas à être expliqué, et le foudroyant mandement parcourut les villes, les bourgs, les plus petits villages du diocèse, portant à sa suite, chez tout ce qui cause, le nom de Mathilde.

Seuls, les paysans ébahis n’y entendirent