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rien, ne trouvant autour d’eux personne à qui la remontrance pastorale pût s’adresser. Pour qu’ils fussent compris dans l’application, on prit soin cependant de leur expliquer qu’il était contraire à la chasteté chrétienne, non-seulement d’étaler les nudités, mais même les formes de ces nudités. Ces commentaires subtils ne parvinrent point à tourmenter des pudeurs habituées dans la vie des champs au spectacle des licences de la nature. Sans se douter qu’elles tombaient sous la coupe des censures épiscopales, les jeunes paysannes continuèrent à tendre de toute l’élasticité de l’étoffe le corsage étroit de leurs robes sur les contours de leur taille rondelette.

Cette faute grave, dont Mathilde se souvenait, n’avait pas cependant plus d’importance pour déceler son incapacité à la vie dévote qu’une multitude d’autres, dans lesquelles elle tombait à chaque instant sans s’en apercevoir. Très-empressée à toutes les solennités officielles, messes de mariages, services funèbres, Te Deum, etc., jamais elle n’avait pu s’astreindre à la régularité de la messe de paroisse ; les fêtes mobiles, les époques d’abstinence et de jeûne étaient pour elle autant d’occasions d’ana-