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qui devaient nécessiter plus tard un redoublement de ferveur et de rigidité. Pour Mathilde, elle écourtait ses prières, se laissait scandaliser au spectacle, manquait l’office du dimanche et s’obligeait le soir à dire ses vêpres dans sa chambre. Mais quelques mots du dernier entretien qu’elle eut avec madame de Nerville prouvèrent que cette tolérance ne s’étendrait pas à son mari ; car, en définitive, il n’était résulté de ses rapports avec Mathilde qu’une nouvelle affirmation de ses principes.

Abandonnée à la passion qui l’avait surprise, Cécile ne connaissait maintenant que des jours de trouble. Plus que jamais elle recherchait la solitude, afin de savourer sa sombre ivresse. Les heures ne lui paraissaient pas assez longues pour ses entretiens avec les brûlantes rêveries dont elle sortait épuisée, meurtrie, palpitante, comme si sa chair eût passé sous le fer du bourreau. La présence d’Alphonse Morand et surtout celle d’Adrienne lui imposaient une contrainte insupportable. Celle de Félicien allégeait son cœur : lui seul avait le pouvoir de la distraire de lui-même.

Grâce à ce caprice de ses sensations, elle espérait que son secret ne se trahirait pas. De