Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/126

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fait, Adrienne n’en avait pénétré que juste ce qu’il fallait pour augmenter sa mauvaise humeur contre son mari. Aussi les deux sœurs aspiraient-elles également après leur séparation, pour se livrer avec plus de liberté aux sentiments qui les dominaient.

Le jour du départ, Félicien, en traversant les Champs-Élysées, fut poursuivi par une petite marchande de fleurs qui lui offrait un bouquet de roses. Il l’acheta en pensant à Cécile, quoique ces sortes de galanteries ne s’accordassent pas avec ses habitudes de réserve.

— J’ai compté ces roses, dit-il, lorsqu’il présenta son bouquet à madame de Malmont : il y en a quinze, une pour chacune des journées que j’ai passées ici, et que vous m’avez faites si charmantes.

En ce moment, Adrienne traversa la pièce où Cécile et Félicien parlaient debout ; elle n’entendit pas leurs paroles ; elle ne vit que l’émotion de sa sœur et son regard suppliant qui demandait qu’on l’épargnât. Sans s’arrêter, elle entra dans le salon où était madame de Nerville.

— Félicien et Cécile se font leurs adieux,