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d’essentiel dans ce qui ne m’a point été enseigné, et je puis y relever bien des choses répréhensibles. » L’excuse d’Adrienne, c’est que ces pensées n’étaient pas le fruit d’une vanité personnelle, mais d’un esprit de secte par lequel elle s’identifiait avec ceux qui l’avaient dirigée jusque-là.

« Depuis un mois, écrivait-elle, que je vous ai quittée, madame, j’ai mené une existence très-laborieuse, car je me suis imposé au moins trois à quatre heures de lecture par jour. Aurais-je jamais cru faire cela pour un mari ?

« Je les connais, maintenant, ces auteurs qui devaient transformer toutes mes idées et ôter ses voiles à mon esprit agrandi. Avouez, madame, que cette admiration superlative, enseignée par l’école pour les écrivains des deux ou trois derniers siècles, surfait beaucoup leur mérite, ou du moins qu’une grande partie de ce mérite est perdu pour nous, parce qu’il n’a point d’application à nos préoccupations et à nos mœurs actuelles.

« Je crois sentir que l’éducation chrétienne que nous avons reçue, nous autres jeunes filles, nous a transportées dans une région plus