Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/144

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pour apprécier celles de Félicien, et comme elles étaient exprimées avec moins de profondeur et de conviction, elle n’en était pas autant froissée.

Après avoir rapporté l’entretien précédent, Adrienne ajoutait ce qui suit :

« Je ne crois pas que le chagrin que j’éprouve soit chimérique, ni que l’interprétation que j’ai donnée aux paroles de Félicien soit fausse ou exagérée. Je n’ai jamais été païenne, il est donc païen, lui ! Hélas ! ce n’est que trop vrai. Je ne veux pas dire par là qu’il ajoute quelque foi aux absurdes divinités de la mythologie ; mais, chantées par les poëtes, reproduites par les arts, elles se sont personnifiées dans son imagination sous des formes dont il est idolâtre. Leurs honteuses légendes lui paraissent un tissu de merveilles poétiques, et je lui ai entendu dire quelquefois qu’elles n’avaient pu être créées qu’au temps où la terre avait encore le vêtement d’azur et la sérénité dorée des premiers âges.

« Vous pensez sans doute que ce n’est là qu’un jeu d’esprit ; mais je vous affirme qu’il confond tous les cultes dans son respect comme