Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans son incrédulité. Sa raison, aveuglée par la présomption d’une fausse science, distingue à peine la sublimité de nos divins mystères, des erreurs superstitieuses des autres religions. Son cœur n’a point une clairvoyance plus pure, car c’est surtout cette foi qui vient de l’éducation et de l’habitude, cette foi d’identification, comme il l’appelle lui-même, qui n’est pas moins païenne que chrétienne chez lui. Il se sentirait aussi frappé de la majesté divine devant la statue de Minerve et le Parthénon, que devant l’image et le temple de Marie. Je crois qu’une pagode de Bouddha lui produirait le même effet. Il m’explique un personnage dont on nous entretenait quelquefois dans les conférences pieuses de notre couvent, et qui était pour nos esprits naïfs une énigme effrayante : Julien l’apostat.

« Vous me direz, madame, que je ne devrais pas aborder ces préoccupations. Mais si je m’égare, à mon tour, la faute en est à lui. Je ne demandais pas mieux que de vivre dans l’heureuse insouciance d’une facile soumission à tous mes devoirs. Il ne veut pas s’associer à cette vie innocente. Comment aurait-elle quelque attrait pour lui ? Il dédaigne tout ce