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d’un homme du mérite de M. Dautenay. Ah ! ma chère petite, que n’êtes-vous un peu madame de Linières ?

« Je ne fais point confusion de personnes, n’est-ce pas ? Madame de Linières est la femme d’un riche armateur de Rouen, qui a été président du tribunal de commerce. Elle n’est plus jeune ; elle a passé quarante ans ; mais le soir elle est encore jolie ; sa peau brune blanchit à la lumière ; un peu de maigreur lui a conservé sa taille ; elle aime les toilettes assez décolletées et porte admirablement ses épaules et ses bras nus. Pour achever le portrait, elle a des yeux étincelants de vivacité qui ne s’intimident jamais.

« Je ne doute pas qu’elle n’ait un grand fonds de principes ; car je me rappelle lui avoir entendu soutenir une discussion très-savante sur les rafraîchissements qu’on peut se permettre dans les soirées données en carême. Si je ne me trompe, il s’agissait de glaces et de sorbets : les glaces rompaient l’abstinence, parce qu’elles étaient considérées comme nourriture ; les sorbets étaient permis, parce qu’on les prenait comme boisson, et aussi le thé sans crème était toléré, et avec crème défendu.