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son esprit. C’était pour elle un sujet d’impatience et de trouble de ne pas rencontrer chez les personnes qui partageaient ses convictions toute l’inflexibilité qu’elle aimait à reporter de ses idées à sa conduite ; elle aurait voulu douter de la vérité des détails donnés par madame de Nerville ; mais elle se rappelait qu’ayant demandé un jour à Félicien de quoi madame de Linières et lui avaient causé avec tant d’animation, il avait répondu : « — De Madame Bovary. » Tout étonnée, elle avait repris :

— Mais madame de Linières n’a pas lu cet affreux livre ?

— Parfaitement.

Telle avait été la réponse de Félicien.

Par un caprice singulier de sa destinée, c’était particulièrement dans sa mère et son mari qu’Adrienne croyait reconnaître cette rigoureuse logique de direction que seule pouvait admettre et comprendre son esprit étroit et opiniâtre : dans sa mère, elle la trouvait pour son édification et son bonheur ; dans son mari, pour son scandale et son tourment.

Elle pensait quelquefois à demander conseil à madame Milbert ; mais certains préceptes de morale bourgeoise qu’elle s’était inculqués de