Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/162

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bonne heure lui avaient appris qu’il ne faut jamais mettre aux prises sa mère et son mari.

Elle avait aussi son directeur. Hélas ! il n’y avait pas grand’chose à en tirer. C’était un vieillard d’une piété douce et candide. On le lui avait choisi dans son enfance parce qu’il était parfaitement en rapport avec elle pour l’innocence d’esprit et de cœur. Cet excellent homme n’entendait rien à la dévotion mondaine et aux exigences de sa jeune pénitente. Il en était resté aux dix commandements de Dieu, auxquels, si on l’avait consulté, il en aurait en bien des cas ajouté un onzième, pour prescrire à la femme obéissance à son mari. Mais il était intimement persuadé que dans le quatrième commandement est compris implicitement un ordre de soumission pour tous les mineurs envers les majeurs. Aussi, lorsque Adricnne se hasardait quelquefois à se plaindre de Félicien, il l’interrompait en lui disant :

— Votre mari vous permet-il d’aller à la messe et aux vêpres le dimanche ?

— Oui, mon père.

— De faire maigre le vendredi ?

— Oui.

— Eh bien ! priez Dieu pour sa conversion.