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Ce qui voulait dire : laissez-le en repos.

Le fait est que, de son temps, le digne homme avait connu des époux moins faciles. Mais Adrienne pensait que l’on n’est point femme, jeune, riche, belle ; que l’on ne met point des lis sur son chapeau en l’honneur des anges gardiens, pour obtenir uniquement de son mari d’aller aux offices le dimanche et de faire abstinence un jour la semaine. Aussi désirait-elle vivement s’adresser à quelqu’un qui fût mieux renseigné sur les droits de la puissance féminine, et elle ne retardait cette démarche que parce qu’elle coûtait à sa timidité.

Cependant madame Milbert observait sa fille et elle comprenait à sa façon, mais subtilement, les difficultés qui la chagrinaient. Quand elle l’avait vue plongée dans la lecture des auteurs anciens, elle lui avait dit :

— Que cherches-tu là-dedans ? Est-ce que ton mari ne te trouve pas assez liseuse ? A-t-il peur que ton esprit ne soit pas à la hauteur du sien ? Lis nos livres, tu en sauras autant que lui.

Adrienne, préoccupée, n’avait point réfléchi d’abord à la recommandation que lui faisait madame Milbert ; puis elle se ravisa, et en vint