Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/173

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de nouveau ; elle écrivit encore une fois à madame de Nerville :

« Ma tristesse, madame, augmente tous les jours, car tous les jours je sens combien Félicien et moi nous sommes étrangers l’un à l’autre. Croyez-vous que je ne sois pas blessée dans mon estime pour mon mari, en le voyant sans cesse en opposition aux idées reçues ? Je dois peu me soucier, n’est-ce pas, des romans de M. de Saint-Firmin ; mais enfin ces romans sont dans les mains de toutes les jeunes femmes, de toutes les jeunes filles même ; on peut les regarder comme des lectures approuvées. Eh bien ! mon mari, pour n’avoir pas à s’en expliquer, feint de ne pas s’apercevoir que je les lis, au lieu de s’intéresser à ce que je fais. Quand je l’ai eu obligé à en parcourir quelques-uns, en lui demandant ce qu’il en pensait :

« — Rien, m’a-t-il répondu.

« Je paraissais mécontente.

« — Que veux-tu que je te dise ? a-t-il repris, cela n’existe pas.

« Vous le comprenez, madame, cela n’existe pas, parce qu’il ne s’y trouve rien d’effronté, d’audacieux, d’impudique même. Le grand