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où pas un arbre, une chaumière ne vous apporte une idée de fraîcheur et de repos. On était en plein été. Sur cette terre aride, le soleil épanchait une stérile ardeur. Cécile aussi, impuissante et consumée, s’alanguissait sous une triple impression : sa tristesse, son amour et la chaleur énervante.

À peine furent-ils arrivés à Nancy qu’ils se séparèrent. L’ordre avait été donné de suspendre la cérémonie funèbre. Félicien partait pour Hombourg le soir même, afin de rendre les derniers devoirs à l’époux de Cécile. Pendant ce temps, les deux femmes s’installaient dans la demeure où madame de Malmont avait toujours habité, tant qu’avait duré son séjour à Nancy.

Cette maison, vide depuis le départ de Cécile, était restée confiée à la garde d’une domestique. La jeune femme y retrouva tout son passé, comme s’il ne s’était évanoui que de la veille ; car les souvenirs se ravivent dans la contemplation de la mort. Elle versa des larmes amères sur cette existence unie à la sienne, mal employée et tranchée trop cruellement. Mais ce lien qui leur avait été funeste, qui avait pesé à tous deux, il persévérait après la mort…