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Au moment de franchir les dernières ombres du jardin, il se saisit de la main de Cécile, en arracha le gant, la passa sur son front, sur ses yeux, la tint longtemps pressée sur ses lèvres, en savoura les émanations comme si elles lui apportaient un délicieux rafraîchissement, en dessécha la moiteur sous ses baisers et la laissa retomber avec un geste découragé.

Lorsqu’ils traversèrent de nouveau la place, ils avaient repris leur attitude calme et leur marche paisible. Quelques pas plus loin, Félicien disait à sa compagne :

— L’air est frais ce soir, Cécile ; enveloppez-vous bien.

— Aimée et repoussée ! pensa-t-elle avec amertume.

Le retour à Paris fut plus taciturne encore que ne l’avait été le voyage à Nancy. Mais que devint Cécile lorsque, environ quinze jours plus tard, elle lut cette lettre d’Adrienne par-dessus l’épaule de madame de Nerville, qui avait toujours soin de l’appeler aux bons moments :

« Vous me demandez, madame, si l’éloignement momentané de Félicien a été favorable à