Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/191

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notre bonne intelligence, si le regret de l’absence et la joie du retour ont stimulé notre affection. Il m’est difficile de vous répondre d’une manière précise. À ne vous rien cacher cependant, mon mari, quoique je sois loin de pouvoir l’accuser d’indifférence, me paraît plus étrange que jamais, plus disposé à s’écarter de cette modération régulière des sentiments où les gens sages trouvent leur bonheur.

« Vous m’avez plaisantée quelquefois de vous donner à entendre qu’il y a des piéges pour la vertu d’une femme dans une alliance avec un homme comme Félicien. Eh bien, ne riez pas ; ce que j’osais à peine supposer m’apparaît maintenant comme une vérité si incontestable qu’à vous au moins je ne crains pas d’en faire l’aveu. Je ne doute pas que votre discrétion ne soit proportionnée à la délicatesse des choses que je vous confie.

« Oui, mon mari, qui prétend s’adresser chaque jour en vain à mon cœur pour m’attacher à lui, cherche à éveiller en moi des impressions qui sont contraires, je ne dirai pas à la pudeur, mais à cette retenue qui en est la première défense. Il voudrait, je le vois bien, ouvrir mon âme à une tendresse exagérée et