Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/192

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absorbante, dont se gardent les affections légitimes. Quelle éloquence perfide il emploie pour me convaincre que je dois être toute à lui ! Pas un élan de mon cœur, pas une palpitation de mon être, dit-il, ne devrait lui être ravie ! Ce qui semble le plus étranger à notre amour doit, par une merveilleuse transformation, se convertir en un élément de notre amour. Et ce ne sont pas seulement ses paroles qui cherchent à me persuader, ce sont ses regards, ses caresses, caresses et regards brûlant d’un feu profane, et tels qu’une coupable séduction a seule ordinairement le don de les employer.

« Je ne vous cacherai pas qu’oubliant tout à coup les motifs de ressentiment que j’ai contre lui, il m’est arrivé souvent d’être émue : la prière est alors mon recours ! J’invoque Celui qui a placé pour moi l’épreuve où les autres femmes trouvent leur salut et leur appui, afin qu’il me fasse triompher de ces embûches : je demande à celle qui est restée vierge dans la maternité de me conserver pure dans le mariage. Je sais trop d’ailleurs vers quelle fin me conduiraient ces entraînements déjà si répréhensibles en eux-mêmes. Je vous l’ai dit, madame, à une subordination complète de tous mes