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sentiments, depuis ma foi religieuse et ma piété filiale jusqu’à la plus modeste dignité de ma personne. Mes chaînes seraient de fleurs, soit ; mais je n’en subirais pas moins un honteux esclavage. Est-ce là le rôle qui convient à une chrétienne, à celle qui a été l’objet d’un rachat divin ? Non, une fierté chaste me défend ces tendresses idolâtres. Si mon mari m’aime, c’est à lui de me conquérir, et ce n’est point en dénaturant les vertus que l’on a cultivées dans mon âme, mais en s’associant à mes convictions et en sachant reconnaître dans mon exemple leur empire salutaire. »

— Il n’est rien tel que l’imagination des prudes, s’écria madame de Nerville en terminant cette lettre, pour se créer des monstruosités ; elles sont comme les enfants perdus dans les ténèbres : autour d’elles, tout est chimère et fantasmagorie. Mais elles doivent être amusantes, ces petites scènes intimes : Adrienne récitant un Ave Maria pendant que son mari lui donne un baiser !

— Il voudrait se faire aimer d’elle, dit Cécile embarrassée de la nécessité de répondre.

— N’est-ce pas une sottise de lui en faire