Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tites ovations pour flatter son chagrin. L’effet n’en était pas aussi heureux qu’on le supposait, car elles ne servaient souvent qu’à prouver à la pauvre Adrienne que l’orgueil est un mauvais consolateur, et qu’il est d’ailleurs des humiliations secrètes dont les triomphes ostensibles ne nous relèvent point.

Un jour de carême, dans une conférence adressée spécialement aux femmes, l’orateur avait pris pour matière de son discours un parallèle entre les martyres de l’amour du monde et les martyres de l’amour de Dieu. Il montra les premières, le cœur inquiet, l’esprit languissant, poursuivant, à travers les pompes de la perdition, un fantôme d’idéal qui les fuyait toujours.

Comme c’est naturellement au voisin que l’on applique d’ordinaire la morale d’un enseignement quelconque, Adrienne, dans la peinture de ces femmes abattues et rêveuses, entrevoyait vaguement l’image de Cécile. Mais lorsqu’on en vint à dépeindre les martyres de l’amour de Dieu, — non point les méditatives Maries des anciens temps, mais les Marthes de nos jours, exclusivement adonnées à l’abêtissement salutaire de la pratique ; — lorsqu’on