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exalta ces héroïnes de la dévotion moderne, qui sont toute ferveur aux neuvaines, tout zèle à la confrérie, toute générosité au clergé, et qui pour tant de vertus souffrent persécution dans leurs familles, les yeux du groupe nombreux qui entourait Adrienne se portèrent sur elle d’un commun accord.

Elle comprit qu’on déposait à ses pieds les hommages adressés à ces femmes d’élection, et l’orgueilleuse candeur de sa joie éclata sur son visage, à travers le voile de ses paupières baissées. Cette impression ne dura qu’un éclair. L’orateur décrivait maintenant la satisfaction intérieure de ces âmes en opposition avec leurs proches, en hostilité surtout avec leurs époux, mais en intime alliance avec l’Église et avec Dieu. Adrienne descendit au fond de son cœur pour y chercher cette triomphante allégresse. Hélas ! elle n’y trouva que du dépit, des larmes étouffées, des plaintes confuses, celles peut-être de sa jeunesse qui réclamait le plaisir légitime, le bonheur naturel dont volontairement elle se frustrait.

C’est une vérité banale que, lorsqu’une jeune et jolie femme cherche une consolation, elle se présente presque immanquablement