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sous la forme d’un consolateur. C’était le vendredi qu’avait été tenue la conférence où l’on avait fait l’apologie de ces martyres de l’amour divin qui, au lieu d’instruments de supplice, ont pour attributs la crinoline et les jupons traînants. Le dimanche suivant, Adrienne trouva sur son prie-Dieu un large papier plié en quatre, sur lequel étaient tracées quelques lignes servant de suscription. Elle les parcourut des yeux et lut cette phrase énigmatique : « Un ange adressa autrefois à saint Augustin ces paroles : Prends et lis ; moi, faible mortel, je me permets de les répéter à un ange. Puissé-je, comme le messager divin, apporter à celle qui souffre la consolation du cœur et la paix de l’esprit. » Et au-dessous, en second titre, et en belle moyenne : À une jolie martyre !

Adrienne, indécise, regardait autour d’elle, cherchant un éclaircissement ; elle aperçut les yeux suppliants d’un jeune homme dont le prie-Dieu était voisin du sien. C’était le neveu de madame Forbin, celui que l’on appelait familièrement M. Eusèbe, dans le cercle de madame Milbert. Il était si ému de sa hardiesse que ses mains, jointes pour la prière, étaient agitées d’un tremblement nerveux