Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/202

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qu’elles communiquaient aux prie-Dieu ébranlés sur toute la ligne. Le souffle intérieur agit bien plus fortement sur ces natures contenues que sur les autres. Adrienne, qui voyait chaque dimanche Eusèbe Forbin chez sa mère, crut lui devoir la politesse d’accueillir la communication qu’il lui adressait. Elle mit le papier entre les feuillets de son paroissien et entendit l’office, sans être autrement préoccupée de cet incident.

Elle s’était persuadée que c’était quelque demande d’aumône ou peut-être l’invitation de s’unir à une prière, à un acte pieux quelconque, imaginé par ses amis, à l’intention d’obtenir la conversion de son mari. De retour chez elle, quelle fut sa surprise de voir que ce papier, d’où s’échappait un parfum suave, chaud et concentré, comme celui d’une fleur imbibée d’encens, était couvert de stances régulièrement alignées ! On y célébrait ses vertus, ses épreuves, sa beauté, dans un langage où, sous le débordement de l’onction religieuse et le voile du lyrisme mystique, la passion s’exprimait avec une ardente énergie.

Adrienne n’en revenait pas. Si disposée qu’elle fût par ses préventions favorables à