Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/204

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tion, presque une vengeance, s’offrait à elle ; elle la tenait entre ses mains ! En relisant la dédicace de ces vers, elle croyait voir même se manifester, par cet incident, une intervention providentielle en sa faveur.

L’opposition qui existait entre les deux époux était maintenant parvenue à cette extrémité, où il n’était pas une seule circonstance de leur vie qui ne dût les exciter à une lutte opiniâtre.

Ce jour-là, Félicien, à son lever, avait reçu une nouvelle qui l’avait mis de fort mauvaise humeur. Une place de professeur de sciences naturelles à l’un des cours de la Faculté supérieure de Rouen était vacante, et, comme les devoirs et les avantages qui y étaient attachés pouvaient être cumulés avec ceux de l’enseignement universitaire, Félicien avait cherché à la faire obtenir au vieux savant compagnon de ses travaux. Il n’avait point épargné les démarches pour assurer le succès de sa demande, et n’avait reculé devant aucune sollicitation. Mais toutes les personnes auxquelles il avait dû s’adresser, sans faire partie du cercle de madame Milbert, se rattachaient de plus ou moins loin à ses relations ou les servaient même à leur insu. Or, partout il avait reçu le