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plaintes qui avaient le caractère de la colère et de l’imprécation. Comme ces éclats de pleurs et de voix semblaient venir de l’appartement d’Adrienne, il se hâta de voir de quoi il s’agissait. Il aperçut sur l’escalier une pauvre femme tout en larmes, que madame Dautenay réprimandait avec sévérité, tout en affectant un calme superbe et en faisant signe à un domestique de la reconduire à la porte.

Félicien n’eut pas besoin d’interroger pour comprendre la situation, car la malheureuse, qui devina sa qualité, espérant de lui une aide, le supplia d’intercéder en sa faveur. Veuve et mère de deux petits enfants, près d’accoucher du troisième, elle voulait obtenir les secours d’une société de charité dont Adrienne était une des patronnesses.

— Pourquoi ne lui accordes-tu pas sa demande ? dit Félicien.

— C’est impossible, cette femme ne se trouve pas dans les conditions qu’exigent nos statuts. Elle habitait la campagne ; à peine y a-t-il trois mois qu’elle est domiciliée ici.

— Fais-lui alors l’aumône pour ton propre compte.

— Non, je ne le dois pas ; je vous explique-