Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/212

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avez vu cette ostentation, cet orgueil, ce plaisir d’humilier que vous prétendez être l’assaisonnement obligé de nos bienfaits.

— Veux-tu que je te rappelle, ma chère amie, les petites récréations que vous vous donnez pour votre modeste cotisation de vingt francs par an, dans vos réunions des dames de charité de la paroisse ? Ce n’est pas cher pour avoir le droit de faire parader, à la porte de vos assemblées, voitures, cochers, chevaux, afin d’avertir chacun que vous vaquez à vos bonnes œuvres. De méchantes langues prétendent que dans ces séances, où vous discutez avec plus de sérieux que de calme, pendant des heures entières, pour savoir si l’on donnera une chemise de calicot à celle-ci, un pantalon de toile à celui-là, vous avez établi entre vous la distinction des trois ordres. Ce sont d’abord les dignitaires, spécialement chargées de l’administration, et qui seules osent prendre la parole, s’arroger une initiative : astres supérieurs, ils concentrent en eux toutes les lumières de l’assemblée ; puis viennent les satellites, complaisants intermédiaires, dont on souffre l’approche et avec lesquels on daigne, de loin en loin, échanger quelques syllabes ; enfin, la masse