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dans une violente attaque de nerfs. Félicien la prit dans ses bras, et, grâce à ses soins intelligents, la rendit à elle-même. Quand il la vit près de se calmer, il invita madame Milbert à se retirer :

— Adrienne ira vous voir, lui dit-il. Si votre affection pour elle est assez profonde pour être désintéressée, vous comprendrez quels conseils vous devez lui donner.

Madame Milbert possédait l’ensemble de ces médiocres qualités qui constituent une bonne femme ; c’était même une femme aimable quand on ne la contredisait point ; mais elle était incapable de la hauteur de dévouement qu’il lui eût fallu pour éloigner d’elle Adrienne. Elle n’essaya pas de s’imposer cet effort, et aima mieux s’en fier à son habileté pour entraver les projets de Félicien.

Elle réfléchissait profondément sur ce sujet quand, le lendemain de cette scène, Adrienne arriva. Sa physionomie en abordant sa mère était étrange : une joie nouvelle, exaltée, surhumaine, contenue cependant par un reste d’inquiétude, y resplendissait.

— Eh quoi ! s’écria madame Milbert, ton mari aurait-il renoncé à t’enlever à nous ?