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— Non, je ne sais ; je n’ai pu penser à cela depuis hier. Tu n’en seras pas surprise si je te dis que mes prévisions se sont réalisées : je serai mère ! C’est pendant ma crise de nerfs que j’ai senti les premiers tressaillements de mon enfant.

— Dieu soit loué ! s’écria madame Milbert, se livrant franchement à son égoïsme : tu pourras maintenant tout obtenir de ton mari, et tu ne nous quitteras point. Lui as-tu fait ta confidence ?

— Non, ma mère ; j’ai voulu vous prévenir d’abord.

— Eh bien ! va vite, et qu’il nous rende la vie, à ton père et à moi, en échange du bonheur que tu vas lui donner.

À l’annonce de l’heureuse nouvelle, Félicien ne répondit à sa femme qu’en lui tendant les bras. Les deux époux s’embrassèrent avec une franchise d’affection qu’ils n’avaient jamais eue. Dans sa joie, Félicien avait tout oublié. Adrienne lui rappela d’un mot leurs tristes division.

— Vous ne pouvez songer maintenant à me séparer de ma mère : j’aurai tant besoin de ses soins !