Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/234

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Félicien garda le silence ; il se sentait refroidi subitement parce qu’Adrienne n’avait vu dans leur réconciliation inattendue qu’une occasion de le ramener à sa volonté. Rien ne fut résolu ; mais bientôt d’autres préoccupations parurent avoir remplacé complètement celle du changement de résidence. On formait mille projets pour la réception de cet hôte charmant de la famille que tant d’espérances devançaient. La question de savoir si l’on désirait un garçon ou une fille se présenta naturellement. Félicien affirmait qu’il ne voulait qu’un enfant, et qu’il fût intelligent ; peu lui importait le sexe.

— La seule raison qui me ferait préférer une fille à un garçon, dit Adrienne qui ne s’était point déshabituée des hardiesses imprudentes, c’est que j’en aurais la direction.

— Pourquoi donc ? s’écria Félicien ; fille ou garçon, est-ce que cet enfant ne nous appartiendra pas à tous deux, et que nous n’aurons pas les mêmes droits sur lui ? Sommes-nous déjà divorcés ? Je vais bien te surprendre, c’est que je redouterais beaucoup moins pour mon fils que pour ma fille l’influence de celles de tes idées que je ne partage point, attendu que cette influence serait neutralisée par l’expérience de