Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/242

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Ces discussions, calmes d’abord, devinrent bientôt plus vives. Adrienne y reprit sa manie d’opposition. Les luttes se multiplièrent, moins violentes, mais aussi tracassières, aussi obstinées que jamais. Les deux époux poursuivaient avec une égale ardeur le même but, qui était la conservation de leur enfant, et, au lieu de réunir leur sollicitude sur cet être chéri, ils l’employaient à se le disputer, comme un trésor que chacun d’eux eût voulu se réserver à lui seul.

D’ailleurs, la querelle religieuse n’était que suspendue. Cet ancien élément de discorde reprit tout son empire, quand le petit Raoul, languissant jusqu’alors, tomba dangereusement malade. Adrienne avait plus de confiance dans les secours spirituels que dans les ressources de l’art, et Félicien trouvait qu’elle subordonnait les unes aux autres d’une manière souvent imprudente. Il en résulta qu’en veillant l’objet de leur amour, ils se surveillèrent encore mutuellement. Adrienne s’indignait de ne pas voir Félicien se joindre à ses prières. Elle épiait chaque mouvement de ses lèvres dans l’espoir d’y surprendre le murmure d’une invocation ; car elle ne comprenait pas l’entretien mental