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d’une âme profondément affligée avec elle-même ou avec Dieu.

Tandis que, pour cette apparente indifférence religieuse, elle accusait son mari de cruauté, elle déshonorait son propre chagrin à ses yeux par toutes sortes de pratiques inopportunes et superstitieuses. La vue des images, des médailles, des scapulaires dont le petit Raoul était entouré, représentations que Félicien trouvait à la fois grotesques et douloureuses, rendait sa tristesse plus lugubre : le froissement des idées augmentait la blessure des sentiments.

Cette impression était si vive, qu’il fut obligé de demander grâce, quand Adrienne voulut suspendre au berceau de l’enfant l’image d’une madone des Sept-Douleurs.

— Je sauve mon fils, répétait-elle en répondant aux instances de Félicien.

— Tu le tuerais plutôt, répliquait-il : ces images funèbres appellent la mort.

En d’autres circonstances déjà, le luxe des pieuses médailles avait importuné Félicien : il l’avait trouvé mêlé aux mystères de l’alcôve, et tout incrédule qu’il était, cela lui paraissait dérisoire et sacrilège. Souvent même il en avait été refroidi. — N’est-ce pas agaçant, pensait-il,