Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/244

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quand on ne croyait cueillir que des roses, d’être obligé d’égrener un chapelet ?

Mais le plus grave des reproches secrets qu’il faisait à Adrienne, c’était, dans les moments de danger même, d’abandonner le chevet de l’enfant pour aller faire des neuvaines et des pèlerinages. Il savait aussi que, s’il ne s’y fût formellement opposé, elle eût, suivant la croyance du peuple, interrompu les remèdes pendant l’accomplissement de ces actes pieux, auxquels il faut, pour leur donner toute leur efficacité, laisser entièrement la gloire du miracle.

Ainsi Adrienne et Félicien n’avaient pas un mot de consolation à s’adresser et ne savaient qu’aggraver leurs souffrances. Un jour, entre autres, après une nuit passée dans les alarmes, où heure par heure, moment par moment, on avait disputé le petit Raoul à la mort, le médecin et la nourrice, penchés sur le berceau de l’enfant, attendaient dans un silence plein d’anxiété le résultat de leurs soins. Félicien, auprès d’eux, exténué par les fatigues morales de sa longue veille, sentant son cœur meurtri et affaissé comme si toutes les larmes en eussent été exprimées, n’éprouvait plus qu’une fébrile