Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/250

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chait. Il n’aurait pas voulu prendre maintenant la responsabilité de son bonheur ; car il sentait qu’il n’avait point à lui offrir dans ses sentiments une compensation aux jouissances dont il l’aurait privée.

Ces événements, qui n’intéressaient directement que les deux époux, avaient leur contre-coup ailleurs. Cécile avait suivi une à une les péripéties de ce drame domestique, si faible par les ressorts, si important par le dénoûment, puisque le bonheur de deux êtres était en jeu. Félicien, qui se défendait de donner son amour à madame de Malmont, avait cherché à la consoler, peut-être à se consoler lui-même, en lui accordant sa confiance. Ses confidences, à chaque voyage qu’il faisait à Paris, et, dans les intervalles, la simple indication des faits, renfermée dans les lettres d’Adrienne, avaient tout révélé à Cécile. Joignant l’enthousiasme de l’esprit à la profondeur des sentiments, elle était capable d’aimer sans réciprocité. Elle se laissa, en effet, si complètement absorber par cet amour, qu’elle lui donna à dévorer toute son existence. En vain sa beauté, sa fortune suffisante, sa position intéressante de veuve inconsolée, sinon inconsolable, lui attirèrent de nom-